De manière générale, le design présente une modélisation de ce qui est intelligible ou alors intangible en lui attribuant un aspect individuel ou consensuel qui puisse le rendre concret pour la société. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une discipline employée dans la conception de produits. Elle intervient dans la conception de nombreuses interactions. Et très souvent, elle est invisible pour ceux qui sont destinés à en profiter.
Du visible à l’invisible
De prime abord, le design est compris à travers l’apparence finale, l’esthétique de la forme. Quand nous prenons l’alphabet, il est la forme concrète des lettres que nous utilisons quand nous pensons et quand nous parlons. Il en va de même pour une œuvre cinématographique qui n’est que la représentation finale d’un ensemble de mode de pensées. Cependant, l’appréhension du design varie, selon le regard de celui qui observe. Lorsque le néophyte ne s’intéressera peut-être qu’à l’apparence esthétique du rendu, le spécialiste se penchera quant à lui sur les modes de production de l’œuvre : les techniques de calligraphies, les mélanges d’encre, les structures langagières, les techniques de bruitage etc. La prise de conscience des multiples dimensions des processus du design a conduit les chercheurs vers la détermination de deux objets majeurs : le visible et l’invisible. Si le visible a longtemps été admis comme un objet du design, la prise en compte des processus invisibles reste plus jeune.
De la modélisation du design invisible
Le design invisible s’adresse à plusieurs domaines de vie. Pour mieux le comprendre, nous nous baserons sur la construction des institutions publics, celles des notions quotidiennes et enfin sur la présence de l’invisible dans le monde apparemment cartésien du numérique.
Le design invisible dans le milieu institutionnel
Nous prendrons ici l’école et l’hôpital. La pensée première à laquelle chacune de ces institutions renvoie est celle du bâtiment qui les symbolise. Ce bâtiment est le rendu final de l’œuvre de l’architecte et de ses ouvriers. Cependant, à lui tout seul, il ne saurait différencier les métiers exercés à l’intérieur. Ce qui caractérise l’école, c’est la présence des enseignants et des apprenants, l’échange continuel des informations, l’évaluation et les graduations. L’hôpital est caractérisé par la présence du médecin, de l’infirmier, du patient, des soins et examens donnés. Tout comme les bâtiments, ces rôles sont construits avec la seule nuance qu’ils n’apparaissent pas comme une évidence dans l’image première des institutions.
Le design invisible à l’ère du numérique
À l’ère du numérique, de l’électronique et du Web 2.0, le visible représente les mises en pages, les logiciels, les jeux vidéo, leur graphisme etc. Le volet invisible couvre l’ensemble des algorithmes et des processus qui ont conduit à l’obtention de ces technologies. Le design invisible est gouverné dans cette sphère par la croyance que moins le rendu est complexe, plus il est attrayant. Ainsi, des programmes sont écrits pour reproduire par exemple la sensation de l’air, de la chaleur ou de la fraîcheur dans les jeux afin de leur donner le plus de réalisme ou encore pour configurer l’identité numérique, modéliser l’apparence des sites de rencontres et établir les modèles de ces derniers.
Le design de l’invisible désigne l’ensemble des considérations sociales que sont prises pour acquises. Il met en valeur les relations interpersonnelles et il est primordial dans la construction de l’interactivité numérique du futur.